samedi 23 février 2013

La liste de mes envies

Ce roman doux-amer raconte l'histoire d'une Arrageoise qui gagne 18 millions à l'Euromillions (alors qu'elle joue pour la première fois). Que faire d'une telle somme ? L'argent fait-il le bonheur ? Y contribue-t-il ? Ou en est-il le fossoyeur ? Derrière cette histoire somme toute banale (qui ne s'est pas posé la question de ce qu'il ferait avec une telle somme ?), il y a une réflexion plus profonde sur la vie, l'amour, la trahison.
Un beau petit livre bien écrit.

Incipit :
On se ment toujours.
Je sais bien, par exemple, que je ne suis pas jolie. Je n'ai pas des yeux bleus dans lesquels les hommes se contemplent ; dans lesquels ils ont envie de se noyer pour qu'on plonge les sauver. Je n'ai pas la taille mannequin ; je suis du genre pulpeuse, enrobée même. Du genre qui occupe une place et demie. J'ai un corps dont les bras d'un homme de taille moyenne ne peuvent pas tout à fait faire le tour. Je n'ai pas la grâce de celles à qui l'on murmure de longues phrases, avec des soupirs en guise de ponctuation ; non. J'appelle plutôt la phrase courte. La formule brutale. L'os du désir, sans la couenne ; sans le gras confortable.

dimanche 17 février 2013

L'homme qui a oublié sa femme

Quand on m'a offert ce livre, la première chose que j'ai remarquée fut que, par pure coïncidence, j'allais de nouveau lire une histoire tournant autour de la perte de mémoire en moins d'un mois (après Le passager de GRANGÉ). Mais les similitudes s'arrêtent là. Le roman de John O'FARRELL (le scénariste de Chicken Run) est un petit bijou d'humour britannique, mais aussi une réflexion intéressante sur la vie de couple et tout ce qui peut l'embellir ou, au contraire, la détruire. Mieux écrit et, surtout, plus drôle et émouvant que Le divorce pour les nuls, assurément !


Incipit :
Quand j'étais petit, je regardais Les Z'Amours. Je n'étais pas le seul, mais comme il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire... On s'y était tous mis. Un peu comme les couples qui passaient dans ce jeu télévisé, maintenant que j'y pense. Certes, Les Z'Amours ne constituaient pas le temps fort de notre semaine culturelle. Le lendemain, à l'école, nous n'étions pas spécialement indignés parce que Geoff ne savait pas que le plat exotique préféré de Julie, c'était "les spaghettis". Pourtant, on regardait sans se poser de questions ce défilé de couples médiocres, un peu gênés de confesser ce qu'ils ignoraient l'un sur l'autre, ou, pis, d'avouer qu'ils se connaissaient par coeur.

samedi 2 février 2013

Robinson Crusoé

Vers l'âge de 10 ans, j'avais lu Robinson Crusoé... Mais c'était une version "allégée", commençant à peu près au début du naufrage et se terminant avec le départ de Robinson de son île, un peu plus de 28 ans plus tard.
Cette fois, il s'agit de la version complète, celle traduite par Pétrus Borel en 1836. Les aventures de Robinson débutent plusieurs années avant le célèbre naufrage, et se terminent bien après.
Pour rappel, Daniel Defoe s'était inspiré de l'histoire vraie d'un boucanier écossais, Alexander Selkirk, qui passa 52 mois sur l'île de Mas a Tierra (archipel Juan Fernandez, au large du Chili).
Lecture plus ardue évidemment que cette version originale dans une de ses traductions les plus célèbres... et en vieux français... Ce qui donne un certain charme à ladite lecture que j'ai débutée avec un (gros) dictionnaire à portée de main pour y trouver les définitions des nombreux termes techniques liés au monde de la marine à voile, entre autres.
Bien entendu, l'histoire est à replacer dans son contexte historique, lequel se dessine au fil des pages (place primordiale de la religion, connaissances géographiques de l'époque, moeurs, techniques de navigation, ...).
Bref, les aventures de Robinon Crusoé ne se limitent pas, loin s'en faut, aux années passées sur l'île. Elles se finissent même après un long voyage, par la terre, et d'est en ouest, à travers le continent asiatique...
Une lecture intéressante, parfois ardue, confondante de naïveté souvent.
Je note en outre, pure coïncidence, que j'ai terminé la lecture de ce livre exactement 304 ans après le sauvetage d'Alexander Selkirk...

Incipit :
En 1632, je naquis à York, d’une bonne famille, mais qui n’était point de ce pays. Mon père, originaire de Brème, établi premièrement à Hull, après avoir acquis de l’aisance et s’être retiré du commerce, était venu résider à York, où il s’était allié, par ma mère, à la famille ROBINSON, une des meilleures de la province. C’est à cette alliance que je devais mon double nom de ROBINSON-KREUTZNAER ; mais, aujourd’hui, par une corruption de mots assez commune en Angleterre, on nous nomme, nous nous nommons et signons CRUSOÉ. C’est ainsi que mes compagnons m’ont toujours appelé.

vendredi 1 février 2013

Le passager

Point commun à GRANGÉ et Stephen KING : quand je plonge dans leurs bouquins, j'ai un mal fou à m'arrêter de lire ! Le passager ne déroge pas à la règle : plus de 900 pages d'une histoire captivante, ayant pour thème central la quête de son identité véritable par le personnage central, victime de "fugues psychiques".
Un roman effrayant à souhait (tiens, encore un point commun avec Stephen King !) et parfaitement documenté, dans la droite ligne du Serment des limbes ou de Miserere...

Incipit :
La sonnerie pénétra sa conscience comme une aiguille brûlante.
Il rêvait d'un mur éclaboussé de soleil. Il marchait en suivant son ombre le long de la paroi blanche. Le mur n'avait ni début ni fin. Le mur était l'univers. Lisse, éblouissant, indifférent...
La sonnerie, à nouveau.
Il ouvrit les yeux. Découvrit les chiffres luminescents du réveil à quartz posé près de lui. 4:02. Il se leva sur un coude. Chercha à tâtons le combiné. Sa main ne rencontra que le vide. Il se souvint qu'il était dans la salle de repos. Il palpa les poches de sa blouse, trouva son portable. Regarda l'écran. Il ne connaissait pas le numéro. Il décrocha sans répondre.