jeudi 20 février 2014

Après

Novembre 1918 : c’est la fin de la guerre, la fin de l’enfer pour des millions d’hommes dont certains viennent de passer quatre ans à se battre. Nous voici côté allemand, avec le retour au pays de tous ces soldats qui, au fond des tranchées, dans le froid, la boue, le bruit incessant des bombardements et la mort qui rôdait en permanence autour d’eux, ne rêvaient que de ce retour à une vie paisible. Le voici enfin arrivé, ce jour !
Mais les désillusions vont être à la mesure de l’enfer qu’ils viennent de vivre.
Erich Maria Remarque décrit, avec ce style qu’on lui connaît (À  l’Ouest, rien de nouveau), ce retour douloureux à la vie civile de ces hommes dont la plupart sortaient à peine de l’enfance, naïfs mais enthousiastes, prêts à croquer la vie à pleines dents quand ils partirent à la guerre.
Ce que cette jeunesse allemande sacrifiée a vécu et que nous relate Remarque pourrait être transposé aux hommes de toutes les nations qui participèrent aux combats de 14-18 : la première Guerre Mondiale a englouti non seulement des millions de vies, mais aussi les illusions, les espoirs, la fraîcheur de toute une génération littéralement mutilée, dans sa chair comme dans son esprit.
Ce livre est simple, sans fioritures. Mais il n’est pas froid. On sent, derrière les mots de Remarque, une tristesse, une lassitude, une certaine résignation même, mais aussi de la tendresse. Des mots écrits par un homme qui a vécu dans sa chair et son âme cette guerre et les premières semaines, les premiers mois, les premières années qui suivirent l’Armistice et qui l’amenèrent à fuir sa propre patrie, celle pour laquelle il avait sacrifié toute sa jeunesse. Pour rien ? La réponse est peut-être donnée par les personnages de ce roman…
Alors que le centenaire de cette guerre va être commémoré pendant les quatre années qui viennent, voici assurément un livre qu’il faut lire pour saisir, en partie, ce que fut cette époque et les conséquences monstrueuses de ce conflit qui allait, inévitablement, en appeler un autre.

(Livre offert par Babelio, dans le cadre de l'opération "Masse Critique")

Incipit :
Les routes s'allongent à travers la campagne ; les villages baignent dans la lumière grise ; les arbres frémissent et les feuilles tombent... tombent...
Grises, dans leurs uniformes sales couleur de cendre, les colonnes cheminent pas à pas sur la route. Sous les casques d'acier, des faces incultes, hâves, creusées par la faim et la misère ; des faces épuisées, réduites aux seuls sillons qu'y tracèrent l'horreur, la bravoure et la mort.


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