Habituellement, je ne goûte guère les auteurs aux phrases interminables. Mais Jérôme FERRARI fait désormais partie des (rares) exceptions, tant son écriture est fluide, riche et envoûtante. Ses phrases (dont certaines font une page !) semblent respirer. Et, au détour d'une virgule, une perle d'humour parfois se dévoile, renforçant en contre-point le climat de "fin du monde" qui baigne ce roman. Car il s'agit bien de cela, ici : une succession de mondes qui disparaissent, avec ou sans fracas : celui de Matthieu et Libero, mais aussi celui d'Aurélie, ou celui de Marcel, tout comme celui de Rome, dont Saint Augustin fit un sermon, depuis Hippone, en 354 (sermon qui constitue la quasi totalité du dernier chapitre)...
Un très beau roman, qui donne en outre l'occasion de découvrir la vie d'un petit village corse des environs de Corte et de ses habitants, aux caractères aussi attachants qu'inquiétants.
Un très beau roman, qui donne en outre l'occasion de découvrir la vie d'un petit village corse des environs de Corte et de ses habitants, aux caractères aussi attachants qu'inquiétants.
Incipit :
Comme témoignage des origines - comme témoignage de la fin, il y aurait donc cette photo, prise pendant l'été 1918, que Marcel Antonetti s'est obstiné à regarder en vain toute sa vie pour y déchiffrer l'énigme de l'absence. On y voit ses cinq frères et soeurs poser avec sa mère. Autour d'eux, tout est d'un blanc laiteux, on ne distingue ni sol ni murs, et ils semblent flotter comme des spectres dans la brume étrange qui va bientôt les engloutir et les effacer.
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