vendredi 28 décembre 2012

Certaines n'avaient jamais vu la mer


Ce livre évoque, de manière romancée, l'histoire collective de ces femmes japonaises qui émigrèrent aux USA au début du XXè siècle, pour y retrouver des maris qu'elles n'avaient jamais vus. La narration est à la première personne du pluriel et à l'imparfait, donnant à ces 140 pages une dimension épique, incantatoire, à la manière d'un chant s'élevant de multiples voix anonymes. Voix de toutes ces Japonaises et de leurs foyers oubliés de l'Histoire, qui déployèrent des trésors de patience et de ténacité pour se faire une place au soleil américain, et qui perdirent tout avec la guerre, du jour au lendemain.
Plus qu'un roman, ce livre est un magnifique hommage que l'auteur rend, à partir d'une documentation particulièrement riche, à toutes ces femmes et à leurs familles.

Incipit :

Bienvenue, mesdemoiselles japonaises !

Sur le bateau nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats, et nous n'étions pas très grandes. Certaines d'entre nous n'avaient mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines n'avaient que quatorze ans et c'étaient encore des petites filles. Certaines venaient de la ville et portaient d'élégants vêtements, mais la plupart d'entre nous venaient de la campagne, et nous portions pour le voyage le même vieux kimono que nous avions toujours porté - hérité de nos soeurs, passé, rapiécé, et bien des fois reteint.

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